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Évreux mise sur la brebis tondeuse

« Le pâturage des brebis participe à la maîtrise de l’embroussaillement et à la dispersion des graines et des insectes qu’elles transportent sur leur toison ou dans leur tube digestif », explique Philippe Huard (à gauche) en compagnie de Benoît Voisin, berger du troupeau.

À Évreux, 300 brebis sont résidentes permanentes de la ville depuis 20 ans. Elles sont à la fois support pour la ferme pédagogique et préposées à l’entretien des coteaux classés au réseau Natura 2000.

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Depuis 20 ans, la préfecture de l’Eure de 50 000 habitants a choisi des tondeuses à quatre pattes pour entretenir ses coteaux. Benoît Voisin, le berger bénéficiant du statut d’agent territorial, conduit la troupe de 300 brebis. À partir du printemps, son travail consiste à organiser le pâturage tournant extensif sur les deux quartiers qui dominent la ville : Saint-Michel et Censurière Nétreville. Cela maintient des prairies de façon naturelle sans mécanisation.

Depuis le début des années 2000

Cette stratégie est née au début des années 2000, alors que le service de l'environnement de la municipalité observait un embroussaillement important des abords de la ville. « Les espèces arbustives avaient pris le dessus depuis longtemps, explique Philippe Huard, du service de l'environnement de la commune. La biodiversité déclinait fortement. La mairie s’est lancée dans le rachat des terrains à l’abandon. Elle détient aujourd’hui environ 80 % de la surface des collines classées en site Natura 2000. »

Les animaux, divisés en lots, sont parqués avec des filets montés par Benoît Voisin. La reproduction du troupeau n’est pas une priorité. « Notre objectif est de produire des agnelles de renouvellement, explique Benoît Voisin. Nous achetons des béliers des races en conservation : solognote, berrichon de l’Indre, roussin de La Hague et ouessant. Je choisis ceux qui ont de bonnes qualités maternelles. » Une centaine de brebis seulement sont donc mises en lutte.

Des agnelages dans les bâtiments de la ferme pédagogique

Les agnelages ont lieu entre la mi-février et la mi-mars dans les bâtiments de la ferme pédagogique. C’est un moment privilégié par les écoles pour rendre visite au troupeau. À partir de la mi-avril, les animaux retrouvent leurs coteaux. Les brebis suitées d’agneaux femelles sont séparées de celles suitées de mâles. Au bout de six mois, les mâles sont vendus à un négociant au prix du marché, même s’ils ne sont pas encore bons pour l’abattoir. La production de viande n’est pas un objectif.

« Notre ambition est d’atteindre l’autonomie fourragère, précise aussi Benoît Voisin. Pour cela, je récolte une trentaine d’hectares de foin. Pour la paille, nous avons mis en place un échange de paille et de fumier avec une agricultrice voisine. Nos seuls achats concernent des céréales pour la préparation des brebis à l’agnelage. » À l’automne, le retour de la troupe à la ferme est un moment partagé avec tous les habitants, car la transhumance à pied passe par le centre-ville.

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